Argument

LE SERVE RIVALI

Acte I

Un matin d’été, à la ferme de Letanzio, la servante Giacinta prépare le déjeuner de son patron sur la terrasse. A l’écart, l’autre servante, Palmetta, et le jeune intendant Giannino l’observent. Nous découvrons rapidement quelles sont les relations entre les habitants de la ferme, la trame de leurs désirs et de leurs inquiétudes. Giannino attend avec anxiété que Giacinta se libère des avances trop poussées de son vieux patron car il veut rester seul avec elle ; Palmetta se ronge de jalousie en voyant l’affection que son patron montre à sa jeune collègue, et la relation que cette dernière entretient avec Giannino. Pendant la courte conversation qu’ont les deux amoureux, Palmetta intervient et agresse verbalement Giacinta ; seul le retour imprévu de Letanzio empêche que les deux femmes en viennent aux mains. Resté seul avec Giacinta, Letanzio lui déclare son amour, et la servante entre dans son jeu pour ne pas perdre les faveurs du vieillard. Palmetta, qui est toujours à observer à distance, revient disputer sa collègue et lui reproche sa duplicité.

A ce moment entre en scène Carlina, la jeune enfant du patron, désespérée au point de vouloir se jeter dans le puits parce que son père l’a destinée à épouser un homme d’affaires influent qui va arriver de Naples. Mais elle est amoureuse de Don Grillo ; ce jeune soupirant arrive tout de suite après la sortie de Carlina et confie à Giacinta une lettre d’amour qu’elle devra remettre à la jeune fille. Mais c’est Giannino qui arrive et, voyant une lettre dans les mains de sa bien-aimée, il soupçonne une liaison secrète et devient fou de jalousie. Comprenant sa méprise, Giacinta lui remet la lettre pour Carlina, mais Palmetta survient alors, furieuse et jalouse, et finit par lui donner des coups de bâton. Etourdi par les coups, Giannino remet la lettre à Don Grillo, qui croit alors que Carlina lui fait rendre ses mots d’amour sans même les avoir lus ! Il exprime son désespoir de façon pathétique et s’en va, laissant à Giannino et à Giacinta une nouvelle occasion de se rencontrer en faisant bien attention que Palmetta ne les espionne pas. Les deux amoureux commencent à s’imaginer fuyant au loin. Mais comment pourraient-ils survivre ? Giacinta a un peu d’expérience comme assistante chez un coiffeur et Giannino comme apprenti cordonnier (ils représentent tous deux, naturellement, la mode parisienne). Ils font l’exposé, dans un français très personnel, de la façon dont ils pourront vendre leurs prestations, mais ils sont interrompus par Palmetta (qui d’autre ?!), qui a aussi rameuté le patron. Letanzio se fâche, car il a peur de se voir privé de sa servante favorite. L’acte se termine donc dans une bagarre générale.

 

Acte II

Letanzio demande à Giannino de vérifier les comptes de la ferme et Palmetta menace de dévoiler des « irrégularités ». De peur que son patron ne découvre tout, Giannino se hâte de promettre à Palmetta de l’épouser, nouvelle qu’elle s’empresse de rendre publique : Giacinta est verte de jalousie, mais Letanzio est plutôt satisfait, puisqu’il va pouvoir continuer de faire la cour à Giacinta sans être dérangé. Le naïf Don Grillo se présente à Letanzio, affirmant que l’homme d’affaires napolitain, un certain Don Pippo, ne veut plus épouser Carlina et la lui a « donnée », à lui qui pourtant se plaint qu’elle lui a retourné sa lettre d’amour. Le mensonge ne prend pas, car Carlina, ignorante de la chose et épouvantée par son père, déclare ne pas connaître Don Grillo et vouloir faire la volonté paternelle. Les deux amoureux se disputent, et Don Grillo soulage sa peine en se confiant à Giacinta. Cette dernière, en rage contre Giannino, prépare une machination pour résoudre la situation. Feignant de se réconcilier avec lui, elle invite Giannino à boire ; le jeune homme est ivre après quelques verres d’un excellent vin de Chypre, il délire pendant un moment, puis s’endort. Entre temps, Don Grillo avise Palmetta et Letanzio que Giacinta et Giannino se sont enfuis et prendront du service dans son château. Giannino est porté en scène, endormi, et vêtu en homme d’affaires napolitain. Quand il se réveille, le pauvre garçon se retrouve devant une Giacinta méconnaissable, déguisée en soldat et accompagnée de gendarmes qui menacent de le frapper à coups de bâton, l’accusant d’être l’homme d’affaires Don Pippo et d’avoir rompu une précédente promesse de mariage à une autre femme. Giannino proteste en vain de son identité véritable et de son innocence. Le bruit attire tous les protagonistes : même Don Grillo et Carlina feignent de reconnaître « Don Pippo » ; Letanzio, qui ne voit pas bien et ne met pas en doute la parole des autres, est naturellement très fâché ; seule Palmetta cherche à le défendre, dans la confusion générale, mais sans succès.

Quelque temps plus tard, Giannino, encore étourdi, mais vêtu d’une façon reconnaissable, est surpris par Letanzio qui l’accuse d’avoir volé et de s’être enfui, et il le chasse de la ferme. Palmetta est, elle aussi, furieuse contre le jeune homme qui n’a pas tenu sa promesse de l’épouser. C’est alors seulement que Giacinta s’approche de Giannino et lui explique tout. Les deux amoureux se réconcilient et se préparent à quitter la ferme. Letanzio, désormais convaincu de l’infidélité de Don Pippo, a déjà accepté le mariage de sa fille et de Don Grillo, et maintenant il doit renoncer à Giacinta. Pendant que les deux nouveaux couples font la fête, le vieux patron se contentera de rester seul avec Palmetta, sa servante aigrie et intrigante.